Kokyu Ryoku

Vous pouvez pratiquer l’Aïkido si vous pouvez soulever trois onces de son. Cela revient à dire, que l’Aïkido n’est pas un art de combat corps à corps, fondé sur l’utilisation de la force physique et musculaire.

Le travail de la technique en Aïkido, se fait en utilisant pleinement l’énergie mentale et rationnellement la force physique. D’où l’expression employée plus haut. Si l’on utilise cette méthode, il est possible de développer une force supérieure à celle que l’on croit posséder. Lorsque nous disons que les personnes âgées, les femmes, les enfants peuvent pratiquer, cela ne signifie pas seulement qu’ils peuvent s’entraîner, mais bien qu’ils peuvent appliquer cette voie au combat, après l’avoir bien comprise.

J’ai déjà effleuré plus haut le kokyu ; dépassons maintenant le stade de la respiration physiologique pour absorber en nous-même l’énergie de l’Univers ; allons plus loin encore et fondons-nous en un seul corps avec l’Univers. La force qui en découle est nôtre, sans être nôtre, car en réalité, c’est l’énergie de l’Univers qui surgit de notre corps. Cette force accumulée dans le seika tanden pour emplir toutes les parties du corps, semblable à l’eau qui jaillit et jamais ne s’arrête, cette force émanant d’un corps et d’un esprit toujours calmes, sereins, détendus pour répondre à la nécessité en tout temps et dans la direction voulue, cette force s’appelle kokyu ryoku.

Cette force, cadeau du Ciel, ne pourra s’exprimer, ni si votre nuque, vos épaules, vos bras sont inutilement contractés, ni si vous vous imaginez être fort ou au contraire incapable, ni si vous croyez que cette force ne peut exister. Tous ces déchets, toutes ces impuretés sont autant de barrages sur le passage du ki. C’est un peu comme un tuyau qui serait pincé, écrasé par un pied ou bouché par de la terre et dont l’eau ne pourrait s’écouler, alors que l’ayant branché sur un robinet, vous vous apprêtez à arroser un jardin.

O Sensei répète souvent : « l’aïkido est une purification du corps et de l’âme, c’est décrasser le corps et l’âme ». Il est bien évident, que l’âme sera rayonnante, que la circulation sanguine s’améliorera de même que le mental et le physique, si l’on procède à un décrassage intérieur et extérieur.

Kokyu ryoku doit donner vie, chez le pratiquant d’Aïkido, à un geste aussi simple que lever un bras ou avancer un pied. Une technique d’Aïkido exécutée sans l’emploi de kokyu ryoku, n’est pas une technique d’Aïkido, c’est un champagne sans bulles, une bière éventée.

Kokyu ryoku compris intellectuellement est inutilisable. Il faut l’apprendre par le corps dans l’exercice de tous les jours, il ne s’assimile qu’après un travail d’empilage. O Senseï dit à ce sujet : « un travail de trois jours n’est qu’un travail de trois jours, un travail d’un an n’est qu’un travail d’un an, un travail de dix ans engrange la force de dix ans »

Sans kokyu ryoku la forme de la technique peut exister mais elle n’est alors qu’une forme vide. Sans passer par les techniques, il est impossible de s’imprégner de kokvu ryoku. En outre les résultats seront différents selon que vous y croyiez ou non.

 

Texte de TAMURA SHIHAN, extrait de son livre « TAMURA AIKIDO » – 1986

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